C’est quelque chose auquel on ne fait pas très attention, sauf quand ca ne marche pas. Mais lisez donc ces quelques lignes.
Mennecy a 60km de rues, pour la plupart publiques. Dans ces rues, nous avons (au 1er janvier 2010):
- 2080 points lumineux
- 57 armoires (avec un compteur, un disjoncteur, une horloge et une cellule photoélectrique)
- 23 transformateurs moyenne vers basse tension
- 11 carrefours à feux, équipés de 263 têtes de feux.
En 2009, ces installations ont consommé 1.109.085 Kwh, facturés par EDF 98.102€TTC.
Pour faire fonctionner ces installations, nous avions un contrat avec Forclum (je parle à l’imparfait car le contrat est arrivé à son terme en février 2010). L’ensemble des factures payées à Forclum en 2009 s’est élevé à: 474.829,37€TTC
Vous ne révez pas, en 2009, la ville a dépensé 572.931,37€TTC pour 2080 lampadaires, 11 carrefours et les illuminations de Noël. En assimilant une tête de feux à un point lumineux, c’est 245 euros par point lumineux et par an. C’est beaucoup, c’était beaucoup trop.
Pour vous consoler, la TVA sur l’investissement sera remboursée à la ville en 2011. Il s’agit d’une somme de 26.385,54€
L’essentiel de cette dépense était donc chez Forclum, au titre d’un contrat attribué en 2002 après un appel d’offres. Ce contrat courrait 8 années, jusqu’à février 2010. Il avait des clauses de révisions annuelles des tarifs qui entrainaient la ville vers toujours plus de dépenses mais pas plus de prestations. En 2002, c’était surement la meilleure offre pour 2002, mais connaissant les parties prenantes de l’époque, je pense qu’ils n’avaient jamais fait la somme des dépenses à prévoir sur 8 années avec des hypothèses réalistes sur les indices employés dans les formules d’indexation et, surtout, un taux d’actualisation pas idiot.
C’est dommage pour la ville, d’autant que le DST de l’époque, Mr Meslin, a vu son fils être embauché chez Forclum et pouvait quand même légitimement espérer avoir accès à quelques avis très compétents.
Imaginons maintenant que nous esayons de faire des économies d’électricité en faisant comme à Champcueil, en éteignant l’éclairage de 0h00 à 5h00 chaque nuit. L’économie porte sur 365×5 heures, soit 1825 heures. C’est 41,7% du temps de fonctionnement annuel de l’éclairage public.
Supposons aussi que nous pouvons éteindre les lampadaires sans éteindre les feux, et sans avoir à investir dans les armoires. (en fait, nous avons 11 carrefours à feux, mais 3 sont branchés sur l’éclairage public). Les feux représentent à peu près 7% de la consommation de l’éclairage public à Mennecy. Nous allons donc économiser 41,7% de 93% de la facture 2009, soit 38.045 €TTC.
Jolie somme, mais obtenue en plongeant chaque nuit toutes les rues de la ville dans le noir. C’est probablement déjà excessif, alors restons raisonnables en éteignant que la moitié des lampadaires, et nous arrivons à 19.000€ par an.
Pas mal, mais on peut économiser la même somme sans éteindre les lampadaires.
En 2008, j’avais découvert que la plupart des 57 armoires avaient des puissances souscrites chez EDF beaucoup trop importantes. C’est EDF qui me l’avait expliqué, au cours d’une rendez vous que le commercial d’EDF n’avait jamais réussi à obtenir chez nos prédecesseurs. EDF cherche en effet à rencontrer chaque collectivité en début d’année, avec un rapport annuel en main, afin d’analyser l’année passée. Début 2009, j’avais ainsi découvert, avec l’aide d’EDF, qu’il y avait au moins 20.000€ par an d’abonnement à économiser sur l’éclairage public. Il suffisait tout simplement d’ajuster les puissances souscrites sur les puissances installées sur chaque compteur!
Cerise sur le gateau, c’était même une obligation dans le contrat de Forclum: mesurer chaque année la puissance consommée sur chaque armoire et proposer des ajustements de contrats de fourniture d’électricité. Cela n’avait jamais été fait, mais nous l’avons fait faire par Forclum.
En 2008, la ville a consommé 1.206.351 Kwh payés 117.329€TTC pour l’éclairage et les feux
En 2009, la ville a consommé 1.109.085 Kwh payés 98.102€TTC pour l’éclairage et les feux.
La différence, c’est essentiellement des contrats mieux souscrits, et des cellules photoélectriques mieux entretenues. La différence, 19.000€, est comparable à l’extinction de la moitié des lampadaires 5 heures chaque nuit toute l’année, mais nous en avons éteint aucun.
En lisant le rapport 2009, je peux déjà voir qu’il y a encore une fois la même économie à faire. J’ignore pourquoi Forclum ne l’a pas fait complètement, mais il reste au moins la moitié des armoires à optimiser. Il suffit en effet de diviser la consommation annuelle d’une armoire d’éclairage par la puissance souscrite pour estimer si cette puissance souscrite est adaptée. Si le résultat de la division est proche de 4200 heures, c’est bon et plus il s’en éloigne, plus on paye d’abonnement pour rien.
Et j’estime que nous avons encore une fois la même économie à espérer, toujours sans éteindre un seul lampadaire.
Ensuite, nous pouvons travailler sur l’efficacité des lampadaires. Nous avons en effet trop de lampadaires avec des optiques sales et/ou oxydées. C’est de la lumière qui ne sort pas du luminaire. Nous avons beaucoup de globes, dont l’absence d’optique projette la plus grande partie de la lumière vers le ciel, complètement inutilement. Et enfin, il y a vraiment beaucoup de lampadaires masqués par de la végétation. Globalement, nous pourrions dépenser 2 fois moins d’électricité pour éclairer comme aujourd’hui si toutes ces pertes étaient éliminées. Mais cet effort serait mal perçu, car aujourd’hui, nous éclairons mal. Il va falloir éclairer mieux dans l’avenir.
Nous devrons alors travailler sur l’efficience, c’est à dire le plus de lumière pour le moins d’electricité. La ville est équipée de « vieilles » lampes. Les lampes blanches à vapeur de mercure et les lampes oranges à sodium haute pression. Les meilleures sources lumineuses aujourd’hui sur le marché savent fabriquer 3 fois plus de lumière pour la même énergie. C’est dire quel gouffre nous sépare d’une bonne efficience.
Et, finalement, quand tout cela sera fait, il ne restera plus que l’extinction au milieu de la nuit ou mieux: la baisse de la puissance, pour économiser encore un peu plus. Mais ce sera la dernière étape, car aujourd’hui aucun de nos points lumineux n’est capable de faire de la gradation de puissance.
Le prochain réseau d’éclairage qui sera installé à Mennecy sera celui de la ZAC Montvrain 2. L’aménageur avait envisagé un cahier des charges imposant un fabricant d’ampoules, Thorn, un type d’ampoules, le sodium haute pression, et une gradation de puissance dans l’armoire. L’ensemble « parce qu’on a toujours fait comme ca ». J’ai fait modifier ce cahier des charges pour enlever le fabricant et exiger un niveau de performance: 100 lumen/watt au minimum, avec gradation de puissance mais pas forcément dans l’armoire. Enfin, la possibilité de brancher la rue Victor Grignard sur la ZAC Montvrain 2 et donc d’éviter la création d’une 58ème armoire sera un critère positif dans la sélection des offres. J’ai aussi exigé d’éviter d’avoir à employer des nacelles spécifiques pour la ZAC Montvrain2, comme cela avait été envisagé par l’aménageur pour l’entretien des luminaires.
A priori, la ZAC Montvrain 2 pourrait devenir un modèle pour la modernisation du reste de l’éclairage de la ville. C’est important, car le jour de la mise en marche de cet éclairage, c’est la ville qui l’entretiendra, puisque la CCVE n’a pas de compétence en éclairage. Et la dernière fois que la CCVE a fait un éclairage dans Mennecy, c’était au parking de la gare, il a fallu choisir d’éclairer soit le parking, soit la rue de l’Abreuvoir, mais pas les 2!
Avec l’intégration de la ZAC Montvrain 1 et de la ZAC de la Remise du Rousset, nous aurons 250 points lumineux et 3 armoires d’éclairage en plus pendant l’année 2010. Malheureusement, tout ce nouveau patrimoine, techniquement en bon état, répond à des exigences anciennes et il n’est ni efficace, ni efficient, au sens des exigences actuelles.
Un marché pour remplacer l’ancien contrat avec Forclum est en préparation, la consultation sera passée très bientôt. Ce marché permettra de mieux dépenser de l’argent dans ce patrimoine. Et ce n’est pas tant moins d’argent qu’il faut y voir, mais plutôt plus d’investissement et moins de fonctionnement qu’auparavant, en investissant pour acheter des économies futures et récurrentes.
NB: en 2009, la ville a consommé 2.593.525 Kwh d’électricité achetée chez EDF, en tarif régulé, pour un montant total de 303.696€TTC.








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Bonjour Monsieur FERET,
Je vous remercie de votre présentation du problème de l’éclairage public. Le fait de passer par un concessionnaire pour son entretien est une solution S’Il y a un travail IMPORTANT de supervision de ce concessionnaire. C’est le problème de tout transfert de compétence. On délègue mais on ne supervise pas! L’exemple le plus criant est le travail de la SEE. Vous allez me répondre que c’est de la responsabilité du SIARCE, mais les réseaux sont propriétés de la commune!